de Sherif Awad
-Je viens d’une famille de quatre enfants, deux fois des jumeaux, suite à des procédés médicamenteux. Mes frères et mon père sont orientés football et pêche, je suis très seule dans cette famille, et la relation à ma mère est très difficile. Nous habitions dans un petit village dans le sud de la Belgique , là où les traditions chrétiennes sont encore très vives et où il n’y a pas beaucoup de contact avec l’étranger, le monde, la diversité.Je joue beaucoup de musique, c’est mon échappatoire, je me promène dans les bois, j’écris des poèmes et je fais de la natation.
-Je n’ai pas de modèle en cinéma ou en théâtre, à cette époque, j’étais très coupée du monde et de ses influences. Ma mère exerce une censure sur les programmes télévisuel . Dans mon adolescence, je joue de la guitare électrique dans un groupe de grind core (musique très violente….) avec des garçons plus agés du village. Cela me mène à faire des festivals et des concerts. Je tombe dans les filets d’un dessinateur de bandes dessinées, aussi plus agé, qui aime la musique métal et vit sa passion d’artiste comme une angoisse permanente. Il a un certain talent. Je commence par poser pour lui, pour ses dessins.
-Quelque temps plus tard, je découvre le théâtre. Je vois des comédiens, et des comédiennes, qui s’expriment, qui sont vivants, qui savent qui ils sont. Ca me fascine et je lance une pièce de théâtre dans mon école. Un très grand succès. Ensuite je pars aux USA avec UP WITH PEOPLE, beaucoup de spectacles, beaucoup d’angoisses et un projet qui avorte car ils font faillite. Aussi un énorme choc culturel. Je reviens en Belgique, je me sépare du dessinateur, je passe les examens d’entrée pour le Conservatoire Royal d’art dramatique, je réussi, j’étudie le théâtre. Je suis passionnée et sans prétention.
-Beaucoup de temps s’écoule et je n’ai finalement pas eu mon diplôme, je me sens comme une vieille chaussette, perdue et écœurée des artistes, de leurs belles paroles sans action. Je change de voie. Je tourne le dos à l’art. Je deviens secrétaire pendant 7 ans. Je suis très malheureuse dans cet univers.
-Maintenant, j’ai repris toutes mes activités, danse, yoga, peinture et études à l’université catholique de Louvain la Neuve en arts du spectacles. Je suis heureuse, je pose pour des photographes, j’espère continuer à développer cette partie de mon activité car cela me donne de la joie.
-Je ne sais pas si je peux ou dois conquérir le monde, mais je sais que je vis dans l’échange, que la créativité est la source la plus profonde de ma vie et que je souhaite qu’il en soit toujours ainsi.
-Il y a beaucoup de polémiques en Belgique concernant l’égalité de salaire des hommes et des femmes. Les féministes mènent leur combat, les patriarcaux conservent leurs droits. En tant que mannequin, je suis régulièrement confrontée à des hommes qui dépassent les limites d’un simple shooting photo et cela est épuisant. La concurrence entre femmes est également sans merci.
-Mon projet actuel est de finir mon cursus universitaire à l’intérieur duquel je mène des projets personnels. Echanges, savoirs, connaissances, études, analyses, via la peinture, le jeu d’actrice, ou des vidéos. Je lis énormément et m’ouvre à la diversité des projets contemporains en théâtre et en danse.
– J’ai le secret espoir de percer en tant que modèle photo….la mode actuelle s’ouvre à une plus grande diversité et à la singularité.