de Sherif Awad
-J’ai eu la chance de naitre dans une famille qui était très attirée par tout ce qui était artistique, même si ce n’était pas leur activité principale. Très tôt, j’ai fait de la danse classique et du piano, j’ai donc rapidement commencé à chanter. J’étais aussi attirée par la comédie et le cinéma, c’était comme une évidence, je me sentais faite pour cela. J’écrivais aussi des petites histoires ou des poèmes qui ne dépassaient pas le seuil du tiroir de ma chambre. À 15 ans, je me suis retrouvée un peu par hasard, animatrice de radio et après avoir passé mon bac, je me suis lancée dans les formations artistiques qui m’intéressaient : cours de chant, stages d’audio-visuel et conservatoire d’art dramatique. Assez rapidement, j’ai travaillé et gagné ma vie, en tant qu’animatrice radio et voix-off d’abord, puis mannequin photo et ensuite en jouant au théâtre, au cinéma, mais aussi en chantant sur scène avec des musiciens. En parallèle, je composais mes chansons et j’écrivais, toujours pour le plaisir. Je ne peux pas dire qu’il y ait eu un élément déclencheur, c’était un peu comme une évidence, comme si ma voie était tracée.
-Je n’avais pas de modèle en particulier, mais j’étais très attirée par l’école américaine : artistes polyvalents qui sont formés et doués pour plusieurs disciplines. Comme j’étais moi-même attirée par le chant, la comédie, les voix, l’écriture, la composition… je trouvais normal d’exercer un métier artistique dans le sens le plus large : Faire ce qu’on aime, tout ce qu’on aime ! J’ai adoré les films d’aventure du cinéma français des années 50/60, ensuite la Nouvelle vague ne m’a pas intéressée, je trouvais plus de plaisir à regarder le cinéma américain, car j’y trouvais ce que je venais chercher en tant que spectatrice : du rêve. C’est encore ce que je recherche aujourd’hui, c’est pourquoi quand je crée mes projets, ils sont dans la même veine : sortir de son quotidien et se permettre d’inventer de nouvelles vies distrayantes.
-Les formations sont devenues de plus en plus polyvalentes et complètes. Quand j’ai commencé, j’aurais adoré, par exemple, faire de la comédie musicale. Mais en France, ça n’existait pas et on me reprochait parfois d’être polyvalente, alors qu’aujourd’hui, c’est presque une exigence quand on veut travailler et passer des castings. Cependant, l’apprentissage est parfois un peu « léger ». Les très bonnes écoles ne sont pas très nombreuses et il y a beaucoup de formations qui proposent un peu « tout et n’importe quoi », juste parce qu’il y a énormément de demande auprès des jeunes artistes. Lorsque l’on me demande conseil, j’ai du mal à répondre. Parfois, il y a des stages plus intéressants que certaines écoles. Tout dépend ce que l’on veut faire.-
-Aujourd’hui, un artiste français peut plus facilement travailler à l’étranger, les frontières se sont un peu « ouvertes » et plusieurs agents artistiques arrivent à placer leurs artistes français à l’étranger et inversement. Pour ma part, la célébrité n’est pas une fin en soi. Je crois qu’elle permet d’avoir plus de choix dans les projets et c’est vrai que c’est important, mais je me dis que j’ai la chance de vivre de ma passion et ce, depuis toujours. Bien-sûr, lorsque je veux monter un spectacle, une comédie musicale comme ça déjà été le cas ou lorsque je recherche une production pour ma prochaine réalisation de court-métrage et bientôt de long métrage, j’aurais peut-être plus de facilité si j’étais plus célèbre lol. Mais apprendre à se débrouiller pour trouver des financements, même si c’est parfois difficile, c’est surtout très constructif et j’apprends toujours beaucoup sur ce métier.
-On dit toujours « ce n’est plus comme avant, ce métier a changé.. », c’est vrai. Mais il y a des avantages et des inconvénients à chaque période de sa vie. Aujourd’hui, il y a peut-être beaucoup plus de monde qu’avant. Ces métiers artistiques attirent beaucoup. C’est peut-être le développement de la télé réalité qui en est responsable. Tout le monde veut être célèbre, sans savoir toujours que cela demande beaucoup de travail. Mais c’est comme ça. Il faut s’adapter. Ce qui a changé pour moi, c’est que je continue à développer mes envies et que j’ai pu ajouter une nouvelle corde à mon arc, tout récemment : la réalisation. C’est un défi que je me suis lancé, mais c’est surtout une activité que j’avais un peu abordée il y a longtemps, pour laquelle je me suis formée et que j’avais très envie de développer. Il faut se donner les moyens de nos rêves.
-Ce qui concerne la situation en France, cela rejoint un peu la question précédente. Beaucoup de monde, mais aussi beaucoup de projets. La technologie aujourd’hui nous permet de pourvoir initier ses projets soi-même. Ce qui était compliqué et couteux il y a 25 ou 30 ans, est aujourd’hui accessible. En revanche, je regrette un peu qu’en France, les productions cinématographiques dépendent trop des financements des chaines de télévision. Car du coup, il y a moins de création et d’originalité mises à l’honneur. Certains décisionnaires parient trop souvent sur du « déjà vu », du « déjà fait » et je suis déçue par le manque d’originalité à la télé ou au cinéma. Pourtant, je suis sûre qu’il y a d’excellents scénaristes et réalisateurs, mais sont-ils vraiment lus et écoutés ? Côté théâtre, il est devenu quasiment impossible de jouer une pièce dans un théâtre privé à Paris, sans payer un minimum garanti. C’est aberrant que les artistes doivent payer pour être sur scène. En principe, c’est l’inverse ! LOL. Il y a beaucoup de situations une peu absurdes aujourd’hui, si je dois les comparer avec ce que j’ai connu il y a 30 ans, quand j’ai démarré. Mais Internet et les réseaux sociaux ont créé une vraie révolution, sur laquelle il faut savoir surfer. Il faut vivre avec son temps 😉
-Pour l’approche d’un nouveau projet, cela dépend des projets. Mais je m’investis toujours beaucoup dans un nouveau rôle. J’aime me fondre dans un nouveau personnage. Je suis un vrai caméléon et c’est un peu ce qui m’a poussée à être comédienne : le pouvoir de changer de vie à chaque rôle. Plus le personnage est intrigant, plus c’est amusant. Quoiqu’il en soit, je suis perfectionniste et j’attends le même engagement des personnes avec qui je travaille, surtout si ce sont mes propres projets ;). Être polyvalente me permet de changer de peau, selon que je suis chanteuse, comédienne ou même voix-off. C’est toujours un nouveau rôle et je le fais avec le plus de sérieux possible. J’aime sortir d’un studio, d’une scène ou d’un plateau de tournage en sachant que les gens avec qui j’ai travaillé sont contents du résultat ou que le public a passé un très bon moment. Ces instants de partage sont essentiels. C’est un peu ma nourriture d’artiste !
-Je viens de terminer mon 1er court-métrage en tant que réalisatrice. J’adore écrire et j’ai adoré imaginer mon histoire en image et en son. C’est assez magique. Je prépare donc déjà mon prochain court-métrage. Cela demande beaucoup de temps de préparation : 1 à 2 ans, selon les projets. Côté « interprète », je joue une pièce de théâtre, une comédie à 2 femmes, et nous attendons impatiemment la réouverture des lieux de représentations. Même chose pour mes concerts en tant que chanteuse. Et en tant que voix-off, j’ai toujours des activités plus ou moins régulières en spots télé ou radio, sur des documentaires ou autres projets vocaux. Je suis une passionnée et j’espère bien le rester aussi longtemps que possible.
Merci pour cette interview.