Alexandra Mignien

Alexandra Mignien
J’ai grandi à Bondy, dans une cité HLM du 93 avec ma mère. Très tôt, j’ai été passionnée par le cinéma et les séries de télé. J’aimais tellement la fiction que je voulais être la première à voir les films avant qu’ils sortent. Au collège, une de mes professeures m’a fait découvrir le métier de monteuse vidéo et j’ai su que c’était ce que je voulais faire de ma vie (quoi de mieux que monter les films pour être la première à les voir avant tout le monde). L’envie de devenir réalisatrice est venue bien plus tard, quand j’étais déjà bien implantée dans ce milieu.

-Je suis fan de la série “Buffy contre les vampires” depuis l’âge de 8 ans (et j’adore toujours cette série), j’ai aussi beaucoup été influencée par les séries “Twin Peaks” et “Veronica Mars”, souvent des séries avec des personnages féminins forts et intelligents. En littérature, je suis une grande fan de la saga “Harry Potter” (j’ai un tatouage sur l’avant-bras qui en atteste). Niveau cinéma, mon amour pour le cinéma d’horreur est venu assez tôt, d’abord des slasheurs comme “Scream” ou “Souviens-toi l’été dernier” et par la suite, tout le panel de ce que le cinéma horrifique a à offrir. 
-J’ai tout de suite fait des études liées au cinéma, d’abord un lycée avec option cinéma audiovisuel, ensuite un BTS montage et post-production et une licence de réalisation. Je pense qu’on peut tout aussi bien se former seul à ce métier mais qu’un cadre scolaire aide à avoir une structure, une rigueure de travail et aussi à se faire un carnet d’adresse. 
Alexandra Mignien
-Je ne recherche pas spécialement la célébrité mais j’aimerais que mon travail plaisent le plus possible. J’ai des choses à prouver. Même si je fais des films parce que j’aime ça et que j’ai des messages à faire passer, dans le passé, beaucoup de gens n’ont jamais cru en moi et que mon travail devienne connu dans le monde entier serait un bon moyen de leur montrer qu’ils avaient tort.
-Mon principal défi dans la profession est malheureusement la lutte permanente contre la misogynie. On m’a souvent refusé des postes parce qu’on considère que le cinéma n’est pas fait pour les femmes, ou encore parce que les hommes préfèrent bosser avec des hommes. Je le vois tous les jours, même pour mes amies techniciennes de l’audiovisuel, une femme, aussi douée soit-elle, n’a pas les même chances et le même traitement qu’un homme. Un réalisateur m’a déjà refusé un poste de monteuse parce que j’étais “trop sexy et qu’il aurait du mal à se concentrer en ma présence”. 
Et quand je suis passée à la réalisation et que mon premier film a commencé à faire du bruit, on m’a dit que si ça marchait pour moi en ce moment c’est parce que je suis une femme “et que c’est à la mode de mettre les femmes en avant en ce moment”.
On fait tout pour nous enfermer dans un syndrome de l’imposteur permanent et quand on en sort, même juste un peu, on nous le reproche. Il y a encore beaucoup de travail mais notre génération est sur la bonne voie.
-En France, le cinéma est très frileux sur plein de sujet. 90% des films sont des comédies sociales, sans vrais choix de réalisation. Il faudrait qu’on se réveille sur le cinéma de genre, d’horreur, les comédies musicales, les films d’actions etc. On devrait prendre plus de risques.
-Après presque 10 ans en tant que monteuse, j’ai eu envie de raconter mes propres histoires. J’ai eu l’idée d’un film, j’ai écrit un scénario avec l’aide de Laura Léoni (scénariste et actrice de mon film “Je suis nue”). Elle m’a beaucoup aidé à passer au delà de mon syndrome de l’imposteur et confirmer que mon idée valait le coup. Ensuite j’ai au la chance d’avoir le soutien de la société de production “Et Bim”, pour qui j’avais auparavant travaillé comme monteuse. Ils ont aimé le scénario et ont décidé de me produire le film. Après ça, ma carrière de réalisatrice était lancée, le film a eu pas mal de succès et ça m’a donné envie de continuer parce que j’ai encore plein de projet en tête.
En 2019, j’ai été repéré par le CNC/talent en tant que réalisatrice émergente, et en ce moment je suis en pleine production de mon prochain court métrage, un court métrage d’horreur féministe sur des femmes accusées de sorcellerie au Moyen Âge. J’ai envie de me concentrer sur mes premiers amours, le cinéma d’horreur, tout en y alliant mes idéaux féministes.
-Je me concentre avant tout sur des projets qui me plaisent et qui vont dans le sens de ce en quoi je crois. Je fais en sorte de travailler autant avec des femmes que des hommes (que ce soit en tant que monteuse ou dans mes équipes en tant que réalisatrice).
Je suis en pleine préparation de mon prochain film “Sabbat” qui a reçu l’aide du CNC/talent et dont le tournage a été repoussé dû au Covid-19. Le tournage devrait se dérouler en octobre/novembre dans le sud de la France. J’ai hâte de pouvoir commencer et encore plus hâte de montrer le résultat de ce projet qui me tient très à cœur.
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