Dominique Bianchi

par Sherif Awad

Dominique Bianchi

Je suis une enfant non désirée, un accident comme on dit, arrivée 9 ans après mon grand frère ; mais j’ai été choyée, je n’ai jamais manqué de rien, et j’ai grandi dans l’Amour : je sais que c’est une chance d’avoir une famille formidable et aimante ! On était donc 4 à la maison. Mes parents ont vécu ensemble heureux et amoureux jusqu’à la fin de leur vie. Maman est décédée en 2010, et papa en 2017, tous les deux d’un cancer.

Je suis née à Marseille et j’y ai passé toute mon enfance. J’en suis partie à 19 ans, en quête d’aventures, de liberté, et de Nature !

Mon père était musicien dans sa jeunesse, violoniste au conservatoire, 1er en interprétation, dernier en solfège ! Puis, il a pris un banjo et a monté un groupe, style jazz manouche, reprises de Django Reinhardt, swing… Il donnait des concerts, jusqu’à ce que la guerre l’éloigne de la musique et l’emmène au front, en tant que résistant.

Il y avait toujours de la musique chez nous, mon père écoutait de tout : jazz, blues, rock, swing, soul, classique, chanson, etc. Et moi, j’ai tout de suite adoré la musique ; d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours chanté ! Petite, je découpais les paroles des chansons dans ‘Podium’ et je chantais partout, a capela, dans la voiture de mes parents, avec les copines… Mon frère aimait aussi la musique, chantait aussi et jouait de la guitare. Ma mère écoutait tout cela avec plaisir, elle n’était pas musicienne mais aimait beaucoup la musique, elle aimait danser et chanter ! À 9 ans, mon frère a commencé à m’apprendre à jouer de la guitare, et mes parents m’ont offert ma première guitare pour mes 10 ans ! Le bonheur ! J’ai toujours cette guitare chez moi ! J’ai continué à apprendre à jouer avec mon frère, puis seule, avec des bouquins de chant.  Je trimballais ma gratte partout, à l’école, pendant les grèves, en colo, en balade, en vacances, et on chantait avec les potes.

Le divertissement, je l’ai connu très jeune, car j’ai une famille de joyeux fêtards ! On fêtait tout en famille, avec cousins et cousines ! Les anniversaires, les Noël, les Jours de l’an, et on faisait vraiment la fête : apéro chantant (chacun chacune poussait sa chansonnette a capela), puis bon repas, dessert au champagne, et on chantait encore, et après on dansait jusqu’à l’aube ! le top ! Donc forcément, j’adore faire la fête ! On jouait beaucoup à des jeux de société aussi, ensemble, parties de cartes, boules de pétanque… J’ai eu une magnifique et joyeuse enfance.

Enfant et ado, j’adorais Véronique Jannot dans la série ‘le jeune Fabre’, Isabelle Adjiani, Anne Parillaud, les séries les Mysteres de l’Ouest et Kung Fu, puis les dessins animés Walt Disney au cinéma, l’Inspecteur Gadget et Scoubidou à la télé, les comédies musicales en film, la danse funky et le rock/hard rock, la musique en émissions télé. Mon premier concert : Nina Hagen pour mes 14 ans ! le film ‘Nikita’ reste un de mes films préférées. Mes modèles étaient plus des personnages que de ‘vraies’ personnes … des super-héros ou héroïnes de films, de livres (le club des 5, Fantomette) et bien sur, mes parents que j’adorais.

Comme je l’ai dit, j’ai toujours chanté. 

Mes parents m’avaient inscrite à des cours de guitare dans notre maison de quartier, quand j’ai eu ma première guitare, mais je n’y suis restée que 6 mois, ça ne me plaisait pas, car on ne faisait que du solfège et pas assez de pratique à mon gout, puis c’était de la guitare classique et moi je jouais folk en guitare rythmique d’accompagnement pour le chant, quoi. Mais, il n’y avait pas le cursus ‘musique actuelle’ à l’époque, ça n’existait pas, il n’y a avait que des cours de guitare classique dans mon quartier (Quartiers Nord de Marseille = quartier populaire un peu à l’abandon). Donc j’ai continué la guitare toute seule, puis avec une copine chanteuse, et d’autres potes rockeurs, on jouait des reprises, on s’amusait beaucoup. C’est vers 22 ans que je me suis décidée et j’ai eu envie de vivre de la musique. Mais on m’avait tellement répété que ‘ce n’est pas un vrai métier surtout pour les femmes’, que je pense que je n’y ai pas assez mis de cœur ni de conviction. J’ai toujours fait de la musique, mais je n’ai jamais vécu que de ça, malheureusement. J’ai toujours fait d’autres petits boulots à coté. Donc on ne m’a pas assez poussé ni donné assez confiance en moi pour entreprendre cette carrière à 100%, hélas.

J’ai 55 ans déjà, donc je ne crois plus en la célébrité, et je ne la recherche pas, je voudrais juste continuer à faire de la musique et vivre un jour de mon Art sans autre chose à coté. Je chante dans un groupe de 4 femmes qui s’appelle les Poulettes, depuis 2002. J’aimerais qu’une de nos chansons soit connue et reconnue, ce serait une belle reconnaissance de toutes ces années de travail, de création commune (on a 4 albums), et une joie pour nous et notre public.

Je fais partie aussi d’une nouvelle création intitulée ‘les Jupes de ma Mère’, sur la mémoire des femmes qui nous ont inspirées, nous sommes 10 femmes sur scène, 2 techniciennes et une metteuse en scène, soit 13 femmes sur ce spectacle. La première représentation sera le 20 avril 2021 au Théâtre Toursky à Marseille, si la situation sanitaire nous le permet. J’espère que ce spectacle fera le tour du Monde et démontrera à toutes et tous que le talent n’a pas de sexe ! 🙂

Oui, tous les jours ! Les femmes ont deux fois plus d’efforts à fournir pour faire leurs preuves et être reconnues professionnelles du spectacle. On ne nous prend pas au sérieux, et on nous oublie très vite ! On nous aide très peu sur les créations, on nous donne peu de place sur les grandes scènes et les festivals, c’est un combat de tous les jours de se faire une place. Nous avons donc créé l’association Eclosion13 qui œuvre pour plus d’égalité entre les femmes et les hommes dans le spectacle vivant, et met en avant les femmes artistes et techniciennes.

Suite au COVID-19, c’est la catastrophe, tout est fermé, les spectacles et les festivals sont annulés depuis mars 2020, c’est très triste. Mais les artistes peuvent tout de même répéter, donc on continue à travailler, pour être prêt.es quand on pourra à nouveau se produire en spectacle ! Avant le Covid, c’était difficile aussi, la Culture n’est pas du tout la priorité de notre gouvernement français. Quelques grandes Compagnies et grosses boites de production se partagent le peu de financements qu’il existe, et les petites structures ramassent les miettes ou se meurent, c’est ainsi. On nous demande d’aller chercher des fonds privés… Mais les privés ne peuvent pas donner à tout le monde et ont souvent déja leurs bénéficiaires attitrés. C’est difficile de trouver le bon interlocuteur prêt à vous aider financièrement ! Le monde de la Culture est dur et sans pitié, surtout pour les femmes, mais on aime tellement ce qu’on fait que l’on continue, sur nos propres deniers, avec nos propres moyens, on mutualise nos savoir et savoir-faire, notre matériel, et on continue !

Je compose ma musique et j’écris les paroles moi-même, et puis j’interprète aussi les chansons des autres poulettes et des autres artistes des jupes de ma mère, et quelques reprises. Je fonctionne au feeling, à l’affect, je n’ai pas de règle précise, il faut que ça me fasse vibrer, quoi ! Tout est déclenché par des émotions.

Je ne suis pas douée pour le monde numérique, ce sont les autres membres des groupes qui s’occupent des réseaux sociaux, newsletters, com, etc. Je suis plutôt dans l’action et le public relation en direct ! 🙂 Je sais que c’est nécessaire, mais j’avoue qu’on s’y prend mal, ça prend beaucoup de temps que l’on n’a pas…

J’écoute, ou je lie, et je pose ce qui me vient, seule ou à plusieurs. J’aime la création collective, et je m’adapte facilement socialement, car je suis de nature joviale et enthousiaste. C’est le partage qui me plait. Alors, même quand j’écris une chanson seule, je laisse  après la liberté aux autres membres du groupe pour l’arrangement, on avance ensemble pour le rendre belle.

Futuro, continuer le plus longtemps possible à tourner avec mes 2 groupes : – Les Poulettes : Les Poulettes, quartet féminin world music, actu, sons, concerts et liens du groupe Les Poulettes, quartet féminin à Marseille et les Jupes de ma Mère : plaquette en pj

Et continuer de développer l’association Eclosion13 pour qu’elle devienne une référence en matière de propositions artistiques au féminin !

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